Première croisade
La première croisade est une croisade qui s'est déroulée de 1096 à 1099 suite, entre autres, au refus intervenu en 1078 des Turcs Seldjoukides de laisser libre le passage aux pèlerins chrétiens vers Jérusalem.
La première croisade est une croisade qui s'est déroulée de 1096 à 1099 suite, entre autres, au refus intervenu en 1078 des Turcs Seldjoukides de laisser libre le passage aux pèlerins chrétiens vers Jérusalem.
Prémices:
En 1078, les Turcs seldjoukides délogent de Jérusalem les Arabes abbassides qui y étaient installés depuis 637. Une période de libre accès à Jérusalem par les pèlerins chrétiens se termine alors. Dans le même temps, vaincus à la bataille de Manzikert en 1071, les Byzantins ne peuvent empêcher les Turcs de s'établir à Nicée en 1078 et d'y fonder un royaume en 1081.
À la fin du xie siècle, l'empereur Alexis Ier Comnène, dont l'empire chrétien d'Orient est menacé par les Turcs, demande à plusieurs reprises le secours de Rome contre les Seldjoukides. En 1095 lors d'un séjour en France, le pape Urbain II prend acte de la fureur des chevaliers à qui les Turcs barrent dorénavant la route de Jérusalem (que les Arabes avaient toujours laissée libre) et répond à la demande d'Alexis Ier. Ainsi, le 27 novembre 1095, au cours du concile de Clermont qu'il a fait réunir, le pape lance un appel à la croisade, et prêche pour secourir l'empereur byzantin et la libération de la Terre sainte à Jérusalem. En échange de leur participation à la croisade, il promet le pardon de leurs péchés aux chevaliers qui iraient porter secours aux chrétiens d'Orient.
Il désigne Adhémar de Monteil, évêque du Puy-en-Velay, pour diriger cette croisade.
La croisade populaire:
Le petit peuple réagit en grand nombre, notamment à l'appel de Pierre l'Ermite qui l'a prêchée en Berry et où il lança le fameux « Dieu le veut », en Orléanais, à Poissy où Gautier Sans-Avoir le rejoint, en Champagne et en Lorraine.
Le 12 avril 1096 c'est avec quelques 15 000 pèlerins que Pierre l'Ermite et Gautier Sans-Avoir parviennent à Cologne. Ces croisades populaires s'accompagnent de persécutions contre les juifs.
Gautier, emmenant une majorité de Français, quitte le premier Cologne et gagne la Hongrie où le roi Coloman lui accorde le libre passage. À Semlin, dernière place hongroise avant le territoire byzantin, des incidents avec les Hongrois se soldent par le dépouillement de seize traînards. Arrivant à Niš le 18 août, Gautier continue sa route via Sofia, Philippopoli et Andrinople jusqu'à Constantinople qu'il atteint le 20 juillet sous escorte byzantine.
Les troupes de Pierre l'Ermite atteignent à leur tour Semlin, prennent la ville d'assaut et y massacrent 4 000 Hongrois. D'après le chroniqueur Albert d'Aix, ils auraient agi ainsi après avoir vu suspendus aux remparts les armes et les vêtements appartenant à des pélerins qui faisaient partie de la bande de Gautier et qui avaient été tués.
Pour faire bonne mesure, ils investissent ensuite et pillent Belgrade, désertée de ses habitants qui avaient trouvé refuge en territoire byzantin sur l'autre rive de la Save. Tentant de renouveler leurs exploits à Niš, les troupes de Pierre sont mises au pas par le gouverneur Nicétas qui ne leur permet de continuer leur chemin qu'à la condition expresse de ne s'arrêter désormais pas plus de trois jours devant une ville.
Cette troupe se présente finalement devant Constantinople le 1er août 1096. Là, l'empereur Alexis Ier leur conseille, dans un premier temps, d'attendre la croisade menée par les barons, mais devant leurs excès, il leur fait traverser le Bosphore le 6 août et leur assigne la place forte de Kibotos (Civitot).
En septembre ils rasient les environs de Nicée et une bande, dirigée par un noble italien du nom de Renaud s'empare du château de Xerigordon. Le 29 septembre, un contingent d'hommes armés envoyé par le sultan Kilij Arslan reprend la place forte.
Le 21 octobre 1096, las d'attendre, ils se remettent en mouvement vers Nicée, mais ils sont exterminés à peine sortis du camp de Civitot. Gautier-sans-Avoir, le comte de Hugues de Tubingue et Gautier de Teck perdent la vie dans ce combat. Sur 25 000 hommes, seuls 3 000 parviennent à regagner l'empire byzantin. Ils s'amalgament à la croisade des barons, donnant les terribles tafurs.
30 000 croisés se retrouvent à Civitot. Les premiers arrivants sont les compagnons de Pierre l’Ermite, rejoints par les croisés de Gautier sans Avoir et un certain nombre de croisés italiens et allemands. La plupart des croisés ne sont pas enclins à la prudence et à la patience et font route vers Nicomédie, en territoire turc. Là une querelle oppose les Allemands et les Italiens aux Français. Les premiers choisissent pour chef un Italien du nom de Renaud, et les Français choisissent Godefroy Burel. Pierre l’Ermite a totalement perdu son influence sur les croisés.
Malgré les conseils d’Alexis, les croisés attaquent les villes turques. Renaud, à la tête de six mille allemands et italiens prend la forteresse de Xerigordon et l’utilise comme base pour piller les environs de Nicée. En représailles, le sultan seldjoukide Kılıç Arslan Ier envoie une armée qui coupe les points d’eau approvisionnant Xerigordon, assiège la citadelle puis la prend d’assaut. Les croisés n’ont comme choix que la mort ou la conversion à l’Islam.
Le sultan Turc Kılıç Arslan envoie ensuite des espions à Civitot qui font courir le bruit que Renaud et ses croisés ont pris Nicée. Pierre L’Ermite était alors à Constantinople pour ramener des vivres au camp et la plupart des chefs demandent à attendre son retour, mais la plupart des croisés, enthousiasmés par la victoire et aussi par la perspective du pillage, et soutenus par Godefroy Burel, veulent y aller immédiatement. Le 21 octobre, vingt cinq mille croisés prennent la route de Nicée, laissant quelques femmes, enfants, vieillards et malades à Civitot.
A trois miles du camp, à un endroit où la route est resserrée, l’armée turque attend en embuscade les croisés, qui sont pour la plupart massacrés. Les garçons et les filles les plus jeunes sont épargnés pour être réduits et vendus en esclavage. Seuls trois mille croisés, conduits par Godefroy Burel, s’enfuient et reviennent à Civitot, qui est assiégé par les Turcs. Mais les Byzantins réussiront à évacuer les croisés rescapés par bateaux.
La croisade des barons:
Si les souverains ne répondent pas à l'appel du pape, de grands féodaux le font :
Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, qui en 1087 a participé à la Reconquista ;
Guillaume des Baux et son fils Raymond des Baux ;
Bohémond de Tarente et son neveu Tancrède de Hauteville de la famille des princes normands d'Italie ;
Hugues le Grand, comte de Vermandois, frère du roi de France Philippe Ier ;
Robert Courteheuse , duc de Normandie, fils de Guillaume le Conquérant, son chevalier banneret Jean des Landes .
Robert, comte de Flandre ;
Godefroy de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie, son frère Baudouin de Boulogne et leur cousin Baudouin du Bourg ;
Étienne II, comte de Blois ;
Enguerrand Ier, comte d'Amiens et son fils Thomas ;
Hugues II, comte de Saint-Pol et son fils Enguerrand.
Quatre armées se constituent par des regroupements régionaux :
les Lorrains, menés par Godefroy de Bouillon et Baudouin de Boulogne, qui traversent l'Allemagne et les Balkans ;
les Normands d'Italie, conduits par Bohémond de Tarente et Tancrède de Hauteville, débarquant en Épire ;
les Méridionaux autour de Raymond de Saint-Gilles, qui passent par l'Italie du Nord, la Serbie et la Macédoine ;
les Français dont Hugues le Grand, Robert Courteheuse et Robert de Flandre.
Le premier à partir fut Hugues de Vermandois, comte de Vermandois et frère cadet du roi de France Philippe Ier. Il quitta la France vers le milieu du mois d'août 1096 avec une suite respectable et passant par l'Italie, il reçut l'étendard de Saint-Pierre à Rome. Godefroi de Bouillon, seigneur de Bouillon et duc de Basse-Lotharingie, qui finança son expédition par la vente ou en hypothéquant certaines de ses possessions, partit également au mois d'août 1096. Bohémond de Tarente décida de se croiser lorsque les premières troupes françaises traversèrent l'Italie, et abandonnant le siège d'Amalfi qu'il était en train d'entreprendre, il leva une armée normande et partit pour Constantinople, avec son neveu Tancrède. Le comte de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles, rassembla, quant à lui, avec le légat du pape Adhémar de Monteil, la plus grande des armées des croisés, qui traversa la Dalmatie, non sans difficultés, durant l'hiver et parvint à Thessalonique début avril 1097 et Constantinople le 21 du même mois.
L'arrivée à Constantinople:
L'un des premiers à répondre à l'appel d'Urbain II, en 1095, Godefroy de Bouillon devient aussi l'un des principaux chefs de la première croisade. Parti de Vézelay avec une suite nombreuse, il passe par Ratisbonne, Vienne, Belgrade et Sofia, arrive à Constantinople le 23 décembre 1096, et se heurte aussitôt à Alexis Ier Comnène. Les Méridionaux se présentent devant Constantinople en avril 1097. Des incidents surgissent avec l’arrivée de troupes plus importantes, entre Raymond de Toulouse et les mercenaires petchenègues, entre Bohémond et les habitants de Castoria qui lui refusent le ravitaillement.
Alexis Ier se méprend des intentions des croisés, qu'il croit venus offrir leurs services à son empire pour récupérer ses terres - à l'instar de ces troupes scandinaves qui depuis plusieurs siècles se mettaient à son service. Il exige donc un serment de fidélité et la promesse de restituer à l'empire byzantin les terres qui lui ont appartenu avant la conquête turque et de tenir en fief de l’empereur toutes les autres terres conquises.
Hugues de Vermandois, arrivé le premier à Constantinople après un naufrage lors de la traversée de l’Adriatique, prête sans difficulté à Alexis le serment. S'estimant féal sujet et homme lige du seul empereur germanique, Godefroy de Bouillon refuse tout d'abord de prêter le serment d'allégeance exigé par le basileus de tous les chefs croisés. Il faut lui couper les vivres pour le faire céder. Il sacrifie enfin ses principes à l'esprit de croisade et prête à contrecœur le serment requis. Il s'engage ainsi à remettre au basileus tous les territoires ayant appartenu à l'empire byzantin qu'il pourrait enlever à l'Islam. Triomphant et magnanime, Alexis Comnène témoigne de sa satisfaction en le comblant de somptueux cadeaux : chevaux de prix et vêtements de parade, tissus précieux et coffrets remplis de besants d'or. Raymond de Saint-Gilles, prétextant qu’il ne pouvait servir d’autre suzerain que le Christ, se borne à jurer de respecter la vie et l’honneur de l’empereur. Bohémond de Tarente prêterait volontiers serment, si on le nomme grand domestique de l’Orient, charge qui lui donnerait le commandement des forces impériales en Asie Mineure, par conséquent le commandement de l’expédition. Cependant, Tancrède de Hauteville se soustrait au serment en passant sur la rive asiatique.